top of page

Tu es dans toutes les vagues.

Tu es dans le vent qui a le goût de la mer.

 

Le port est agité, il y a mille touristes qui se faufilent entre les stands. Ça sent fort le poisson, les vendeurs crient dans un mélange de turc et d’anglais, et nous, on attend pour embarquer. Il fait très chaud et on est impatientes de monter sur le bateau. C’est la première fois depuis toi. Je n’appréhende pas. Pas cette fois. 

On ouvre la petite barrière qui séparait la file d’attente du bord du quai, et les passagers commencent à embarquer. Je pose un pied de façon assurée sur la passerelle, comme tu m’avais montré, et j’avance, doucement, sûrement. Je fais mon chemin au-dessus de l’eau, j’attrape la main que l’on me tend, et je saute sur le pont avant. C’est en atterrissant sur le sol creux que je te sens. Ça me prend à la gorge et je tangue un peu. Pénélope me rejoint et attrape mon regard. Elle devine. Elle sait les choses, Pénélope. Dans ses yeux, il y a quelque chose qui me dit « ça va aller ». On trouve des places sur la gauche du bateau - pardon, à bâbord. On attend que le reste des passagers embarque en se racontant des histoires. L’ancre est levée. Et on démarre. Le moteur se met à tourner bruyamment, les hélices commencent à former de la mousse, et on s’éloigne doucement du quai. Istanbul me regarde m'éloigner, et me rapprocher de toi. Je ne saurais pas trop dire où tu es, mais je peux te sentir là. Tu es dans la coque, dans la poupe, dans la proue, dans le cockpit, dans tout ce qui fait de ce bateau un bateau, dans tout ce qui fait un bateau, un bateau.

Et cette fois, ça va. Je regarde l’eau s’agiter plus bas, l’horizon bleu, si bleu, et je ne suis pas fâchée que tu sois là. Je n’ai pas vraiment mon mot à dire, mais je suis d’accord pour que tu sois là. Tu ne dis rien, tu ne fais rien. Tu es juste là, dans l’écume, dans le bleu. Et lorsque nous descendrons du bateau, je t’y laisserai, je crois.

 

Tu es dans mon voyage sur le Bosphore.

bottom of page